MADAME LANVIN S'EXPOSE

Vendredi 6 mars 2015, inauguration de la première exposition dédiée à Jeanne Lanvin. Alber Elbaz et Anne Hidalgo (par)courent les salles du Palais Galliera comme s'ils avaient un train à prendre. Les fashionistas se font prendre en photo devant chaque robe, mettant en avant leur pochette griffée et méprisant les notes explicatives qui accompagnent les tenues. Moi, je prends mon temps et profite de la centaine de silhouettes façonnées par Jeanne Lanvin.

Le Musée de la Mode possède un impressionnant fonds Jeanne Lanvin (les deux tiers des robes-œuvres exposées en proviennent, le reste faisant partie du Patrimoine Lanvin), mais aucune exposition d’envergure n’avait jusqu’à présent été organisée à ce sujet. Olivier Saillard (directeur du Palais Galliera et
commissaire de l’exposition) et Alber Elbaz (directeur artistique de la maison Lanvin, toujours en activité, et dont la propriétaire est la femme d’affaires chinoise Shaw-Lan Wang) se sont enfin attelés à la tâche, pour fêter les 120 ans de Lanvin.

Alber Elbaz n'a pas souhaité que ses propres robes soient ici exposées, de façon à rendre un pur hommage à la couturière. Les modèles présentés sont ainsi tous datés du début du XXème siècle à 1946, année de la mort de la créatrice. L'exposition retrace donc le parcours de cette femme qui, selon les propos d'Olivier Saillard, "était moins médiatique que Coco Chanel, moins virtuose que Madeleine Vionnet, moins artiste qu’Elsa Schiaparelli". 

Plutôt qu’un parcours chronologique, la rétrospective s’organise autour de plusieurs thèmes qui étaient autant d’obsessions pour la créatrice : broderie, oppositions entre transparence et opacité, noir et blanc, inspirations religieuses, médiévales, exotiques et ethniques, géométrisme… On chemine ainsi parmi les chapeaux (Jeanne Lanvin avait en effet commencé à 13 ans dans le milieu de la mode en tant qu'apprentie chapelière), les vêtements pour enfants, petites filles, femmes, ainsi que des flacons ronds, noirs et ors, du parfum "Arpège". 

Ces robes que l'on rêverait de porter sont faussement simples, avec du noir, des teintes de bleu, du vert absinthe, du doré, des coupes longues, courtes, des pulls aux motifs graphiques, des robes, avec ou sans manches, des franges, des plis, des traînes, des paillettes (comme l'impressionnante robe du soir "Cavallini"), des broderies complexes, des rubans (en témoigne la robe "My Fair Lady" de 1939)… ou des ensembles unis, des jupes sobres.

Le souhait d'Alber Elbaz était qu'à l'issue de la visite, le public se dise "I love Jeanne Lanvin". C'est chose faite en ce qui me concerne.

L'exposition est à admirer (sous tous les angles, grâce à un jeu de miroirs permettant d’observer les pièces selon différents points de vue) jusqu'au 23 août 2015, au Palais Galliera, Musée de la Mode, 10 avenue Pierre Ier de Serbie. 

Clemode

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