LA MODE SANS SALARIAT

Le salariat, en tant que système économique et social, va disparaître, et l’une des manifestations les plus criantes de ce constat est la montée en puissance des freelances, ces entrepreneurs se lançant à leur compte, sous diverses formes, et qui ont profondément changé notre idée de l’emploi et participé à l'uberisation de notre société.

En France, depuis la création du statut d'auto-entreprise, en 2011, plus d’un million de personnes se sont déjà échappées des portes du salariat. Nous avons découvert le malaise des cadres dans les entreprises. L’uberisation désigne la peur pour les entreprises dominantes, de se voir mise à  mal par des start-ups innovantes tirant partie des possibilités numériques, et cela comme un retour de bâton des grandes entreprises qui ont transformé leurs employés en esclave moderne en les connectant à leur business 24H/24H.


Le nomadisme et les formes libres d’activité en augmentation existent, d'ailleurs, depuis trente ans aux USA où vous pouviez vivre dans le Connecticut avec un téléphone et un fax et réaliser plusieurs millions de dollars.

Exit le travail sédentarisé, cloîtré au sein d’usines impersonnelles et régulées par des cycles horaires de 3-8. Le travailleur nouveau, fraîchement sortie de son école, bercé par les douceurs libertaires d’internet depuis sa plus tendre enfance, n’a que faire du séculaire adage « labeur contre protection sociale ». Ce qu’il souhaite, c’est utiliser ses compétences, les vendre aux plus offrants, organiser sa propre visibilité et entrer lui-même en concurrence vis-à-vis d’autres actifs.

Qui dit libre ne dit pas forcément seul, car le télétravail en France (c'est-à-dire 9% des salariés aujourd’hui contre 18% dans le reste de l’Europe, et 30% aux Etats-Unis) ne s’effectue pas forcément au domicile privé, des pôles de travail décentralisés fleurissant autour et dans la capitale permettent aux start-ups des espaces de co-working, favorisant les échanges et l’entraide.

Il en est de même dans les métiers de la mode où l'on favorise de plus en plus les stagiaires et les étudiant(e)s qui sortent des écoles de mode. D'ailleurs, pendant les périodes de collections, l'Etat Français donne des dérogations spécifiques à la profession. 

Autant de bouleversements ne se font pas sans dégâts. Il est parfois difficile de savoir si ce sont les évolutions du marché du travail qui ont favorisé l’instabilité, ou si ce sont justement les aspirations à plus d’autonomie et de liberté qui ont enfermé les travailleurs dans des formes nouvelles de précarité. Mais, nous sommes toujours pris entre la volonté de réformer et celle de rester statique afin de ne blesser personne, comme si on pouvait faire la guerre sans faire de mort!

Anonymode

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