L’ART HAUTE CULTURE DE MODE

On pouvait s’étonner des longues files d’attente se déployant rue de Rivoli aux abords des Arts Décoratifs. Une exposition qui s’est achevée le 7 janvier en battant des records de fréquentation avec plus de 700 000 visiteurs. « Christian Dior, couturier du rêve », plus que Hockney ou Matisse au musée Beaubourg, mais moins que la collection Chtchoukine à la Fondation Louis Vuitton avec 1,2 million de visiteurs. Tout cela retombe de toute façon sur les marques du Seigneur des Arnault. Exposition qui flirte avec le record établi en 1967 par Toutankhamon. Le sphinx a battu son ancêtre, record absolu pour une exposition consacrée à une maison de mode et, pour remercier Sydney Toledano, PDG de Christian Dior Couture, le Seigneur l’écarte de Dior de peur que sa notoriété et son charisme ne viennent lui faire de l’ombre.

En réalité, la venue soudaine et soutenue par Sydney de Maria Gracia Chiuri fait polémique au sein du groupe. Mais, quand le patron a tord, ce dernier, de toute façon, a toujours raison.

Un travail, hors paire et mal récompensé, de plus de trois ans, entre Dior Héritage et les Arts décoratifs. C’est sans doute la dimension et l’émotion que cette exposition a donné aux visiteurs par la beauté des robes et le travail des petites mains de la Haute Couture, qui a construit ce succès populaire qui a provoqué un tsunami inédit dans la maison du maître de Granville. Populaire est le mot que déteste le Seigneur des Arnault, il lui préfère plébéien.

Au-delà même de leur dimension artistique, ces robes sont toujours pertinentes pour leur époque et peu de maisons disposent, comme Dior, des archives permettant une démonstration de force de l’oeuvre « Christian Dior ». Dans un monde du luxe de plus en plus concurrentiel, y compris en terme d’image, l’exposition demeure un vecteur de différenciation.

Le détournement de la culture ne constitue-t-il pas un risque de « muséification » pour le luxe ou n’est-il pas une profession de foi des valeurs ? Ne s’agit-il donc pas pour les maisons, que ce choix de format présenté aux yeux du monde et à leurs client(e)s à venir, propose la vision d’une histoire séculaire de la marque et ainsi contrer les demi-mondaines s’improvisant créatrices de marques Outre-Atlantique, en nous faisant du papier d’arménie.

Anonymode

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