POIRET L'ART CHINO DECO

Nous étions venus voir du Poiret et nous avons vu du Yiqing Yin. Trouver un nouveau vocabulaire qui nous permettrait de passer de la femme de 1918 à la femme de 2018, voilà un tour de force qui mérite toute notre attention mais la créatrice sino-française réussira-t-elle cet exploit ? Paul Poiret surnommé « le magnifique », le chantre de l'Art Déco depuis 1903 est le premier avec Madeleine Vionnet à décorseter la femme en créant des robes à taille haute. Émancipation ! Effectivement, même 100 ans plus tard, le sujet est toujours d'actualité. Et, l'art ? me direz-vous, celui que le Seigneur des Arnault veut marier avec ses marques ? C'étaient aussi, à l'époque, la vision de Paul Poiret en s'associant à Duffy pour des imprimés extrêmement audacieux.

Le couturier fit scandale certainement plus-que la couturière chinoise adoubée par Didier Grumler le grand Maître des passoires sans trou. Quand Paul Poiret lança, en effet, la jupe culotte et la jupe entravée qui força les fashionista de l’époque de trottiner telles des geishas. Ces deux dernières firent, malgré tout, fureur dans la bonne société parisienne. La Baronne de la Cystite Reynale, qui a bien connu Poiret, me souffle à l'oreille : "Ah! si les hommes voulaient s'aider ! Ah ! si les femmes voulaient céder."

Ce n'est pas Avenue d'Antin que la présentation eut lieu. Les robes d'imprimés de soie traînant derrière elles l'empreinte de l'Empire du Milieu comme une petite tour d'ivoire dans la nuit de soie d'un vers luisant. Si Poiret m'était conté, il aurait eu assez peu de bienveillance sur cette ébauche proposée. Mais, à quoi sert de prodiguer le mépris pour les autres quand lui-même avait une estime de "soie" largement supérieure à la chinoise. Que cette jeune fille de bonne "famine" note que la gloire est une espèce de maladie que l'on attrape pour avoir couché avec sa pensée, espérons qu'elle ne nous transportera pas dans une "Nuit de Chine".

Anonymode

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